L’industrie du yoga

Industrie du yoga

Je suis toujours un peu perplexe lorsque j’ouvre des revues sur le yoga ou que je me balade sur certains sites Internet faisant la promotion de cette nouvelle tendance.

On nous suggère régulièrement une image du yoga avec des corps minces et musclés en petits maillots, exécutant des postures de niveau très avancées et exigeant du pratiquant de yoga plusieurs années d’expériences. Dvi pada koundinyasana ou vasisthasana, ne vous dit rien? Et bien, ne vous en faites pas. Ces postures ne sont que très rarement enseignées dans les cours.

La frénésie entourant l’entraînement physique, le culte du corps, de la jeunesse et de la beauté, a envahi le milieu du yoga.

À Montréal, on pratique le yoga nu, en Californie, le yoga hippie, à New York, le yoga de luxe et tandis qu’à l’ashram de Val Morin on enseigne le yoga spirituel de l’Inde. L’industrie se porte à merveille: on estime que les nord-américains dépensent 6 milliards de dollars par année en service et en produits dérivés du yoga incluant les «vacances yoga» de luxe dans des endroits paradisiaques.

Bien sûr qui dit popularité dit commercialisation. Avec plus de 50 millions de pratiquants en Amérique du Nord, le yoga est une vraie mine d’or. Évidemment, cette vie rêvée vient avec le régime onéreux du «bio» que peu de gens ont les moyens de se payer.

C’est beau de voir que les plus grands yogis indiens n’ont jamais eu de corps sculptés tel qu’on nous les vend aujourd’hui. Pour atteindre l’illumination et le corps qui va avec, une pratique intense et assidue est requise. Pour perdre du poids, on nous invite à faire du Hot yoga, cours très dynamique, pratiqué dans une pièce chauffée à plus de 37 degrés Celsius.

L’auteur du film Yoga inc., John Philp, s’interroge sur le paradoxe entourant le yoga en occident, où se côtoie les idéaux de sagesse et de sérénité prônés par l’ancienne discipline indienne et l’atmosphère de compétition qui maintenant l’entoure.

«Au lieu d’apprendre le yoga pour ses aspects méditatifs et spirituels, la plupart des gens ne cherchent qu’à avoir une belle silhouette», explique-t-il. Interrogeant le PDG du Yoga Journal sur les raisons qui le poussent à publier des photos de femmes ressemblant à des mannequins, ce dernier lui a fait remarquer que «des corps normaux ne se vendent pas bien». Ouf!

Cette commercialisation du yoga augmente inévitablement les valeurs d’une société qui a soif de performance et le non-respect des bases fondamentales transmises par les maîtres.

Le yoga dans sa grande sagesse nous invite plutôt à ralentir, à laisser l’égo à l’extérieur du local et à permettre l’émergence de la tranquillité.

Heureusement, ici, cette industrie nous touche beaucoup moins et le yoga n’est pas accessible qu’à une «classe de gens». Continuons ainsi à le pratiquer simplement et avec sincérité, car il développe assurément le meilleur de nous-même, autant physique que spirituel.

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