Je suis certainement très naïve mais pour moi le yoga est un état. Imaginez ma grande stupéfaction quand j’ai appris, il n’y a pas très longtemps, qu’il existe des compétitions d’asana aux États-Unis et même en Inde et ce, depuis plusieurs années!!
Je connaissais l’intérêt commercial que le yoga suscite mais de là à en faire un sport ! Je suis plutôt de l’école de pensée que le yoga est justement non-compétitif et qu’il est primordial d’honorer là où nous en sommes sur tous les plans. Les asanas font beaucoup de bien et travaillent profondément. Elles créent de l’espace autant au corps qu’à l’esprit. Mais la présence à soi, aux sensations, à notre respiration permet de toucher ce qui ne se voit pas. Et voilà la grande distinction entre le yoga et une performance. S’il y a 20 ans, on pratiquait le yoga, aujourd’hui, on a fait du yoga un produit de consommation et un élément à cocher sur notre liste de chose à faire.
Ce que le yoga nous apporte au quotidien est bien au-delà de tout ce qui paraît. L’humilité et la transparence sont deux conditions essentielles à sa transmission mais aussi à son accueil. Certains n’hésitent pas à s’emparer de la tendance actuelle au risque de transformer radicalement cette discipline. Le yoga est un monde très vaste et j’ai toujours pensé qu’il y a de la place pour tous.
Je le pense moins face au USA YOGA, responsable des compétitions d’asana aux Etats-Unis, qui a fait officiellement une demande pour que le yoga soit admis aux prochains Jeux olympiques.
«Ce n’est pas la personne qui doit s’adapter au yoga, mais le yoga qui doit s’adapter à chaque personne». Krishnamacharya (1891-1989)
Un peu d’histoire…
Krishnamacharya est le père du yoga contemporain. Il a formé dans les années 1945, BKS Iyengar et Pattabhi Jois qui ont largement permis la diffusion du yoga en occident avec leur méthode respective, l’Iyengar et l’Asthanga Vinyasa yoga. Deux approches très axées sur les postures, et qui sont de véritables institutions en Occident. Puis, quelques années plus tard, il forma son fils T.K.V. Desikachar qui enseigne une plus large partie des enseignements de Krishnamacharya. Ce yoga appelé Viniyoga, dépasse largement la seule pratique des asanas.
Il y aurait vraisemblablement plus de 80 méthodes de yoga issues plus ou moins de la tradition. Cependant, il est bon de rappeler que la méthode n’est qu’un moyen, un support sur le chemin du yoga. En faisant du yoga un sport olympique, on lui enlève tout son aspect personnel et intuitif. Aller au-delà de ses limites ne fait pas partie du yoga car toute l’idée du yoga est justement le contraire.
«Ce n’est pas tant la réalisation des exercices qui comptent, mais la façon dont nous les accomplissons». Mary Stewart, professeure de yoga.
Le yoga n’appartient à personne. Il appartient à tout le monde. Il est affaire de rencontres. Le yoga est un état et non une performance et le plus beau, c’est de le partager.
Namasté!